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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:42

 

L'amour éternel

 

  

          Oubliez ce que vous pensez savoir des fantômes et entrez plutôt sous le drap blanc avec Casey Affleck pour tenter de les comprendre. Car ce titre est à prendre au sens littéral : c’est l’histoire d’un fantôme. De sa naissance en tant que tel jusqu’à sa mort… si l’on peut dire.

Plus spécifiquement, c’est en préambule l’histoire d’un jeune couple, interprété par Rooney Mara et Casey Affleck, qui emménagent à deux, amoureux, dans cette maison qui sera le berceau de leur amour et le tombeau de l’un, après un fatal accident. C’est dans sa peau de tissu que l’on observera l’autre, celle qui reste et qu’on se sentira, puisque sans chair et sans os, atteints dans l’âme. C’est la démonstration en 92 minutes de l’adage qui dit que si l’on naît seul, on meurt également dans cette même solitude. Parce que c’est cette froide et dure réalité qui plane, c’est ce sentiment glaçant qui reste là, comme ce fantôme auprès de cette femme, comme auprès de chacun des spectateurs, à mesure que le film passe, lentement…

Et j’imagine aisément que c’est sur ce dernier point que les avis divergeront : en effet, le film est lent et fait d’une succession de plans séquences, souvent longs, au sein desquels l’action est assez simple et souvent banale. Et pourtant, regarder la jolie Rooney Mara manger une tarte durant six minutes est d’une intensité incroyable ! Relevant presque de la performance artistique. S’il était encore nécessaire de jauger ses qualités d’actrice, nul doute qu’elle finirait de convaincre n’importe lequel des juges avec cette scène. Effectivement on a cette farouche impression de retrouver la même jeune fille qui s’enroulait malicieusement dans les rideaux chez Malick, mais dans les deux cas, elle hypnotise. Son jeu est corporel, puisqu’il se dit très peu de choses finalement dans ce film où la suggestion et la contemplation apportent les réponses à tout. On ne peut sur ce point nier l’influence manifeste de Terrence Malick sur David Lowery. Si le format contemplatif et la photo léchée, parfaitement cadrée et éclairée, si belle qu’on voudrait en extraire chaque plan pour les regarder à loisir ; si cette recherche de perfection vous rebute, fuyez le film ! Après tout, les jolies choses ne le sont pas ainsi pour tous…

 

 

Mais non contente de trouver mon bonheur par les images, ce qui se dit en sous-texte est également d’une beauté saisissante.

Parce qu’on vit avec ce fantôme, simplement transposé tel qu’on l’imagine enfant, avec ce grand drap blanc qui se salit avec le temps, qui subit la vie des autres, de ceux pour qui elle continue vraiment, avec son lot de transformations auxquelles il assiste impuissant. On comprend ses sentiments sans qu’il n’ait grand moyen pour les exprimer et on est alors saisis. Les idées de mise en scènes sont nombreuses et me paraissent vraiment nouvelles sur grand écran. L’espace et le temps, sont sans cesse réinventés, et sans bouger on se déplace, on évolue. C’est une prouesse qu’on observe sur scène au théâtre et qui ici sert intelligemment l’histoire.

Le tout est merveilleusement mis en musique et en sons, avec une bande originale moderne et à la mode (Cigarette After Sex, Lorde, Glass Animals…), le rapprochant encore un peu du style de Malick. L’expérience d’une salle de cinéma pour le vivre est d’autant plus vivement recommandée.

 

Une multitude de raisons qui font de ce film, bien plus que ça, mais une expérience cinématographique et sensorielle… pour qui sait voir et ressentir.

 

À vivre actuellement au cinéma.

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 21:32

2017 en 10 chansons

 

               Le traditionnel classement de mes émois musicaux de l’année est de ces rendez-vous que je ne peux pas manquer. Au même titre que les rencontres avec ces chansons n’ont pas été préméditées, il va vous tomber dessus sans que vous l’ayez demandé ! Ces nouveautés et découvertes sont la somme d’heureux hasards qui se doivent d’être partagés, pour qu’à votre tour vous les fassiez voyager.
Alors parés au décollage ? Prêts ? Partez !
 

 

1. Laura Cahen "Loin"

 

Le trip commence au sommet ! Puisque du haut de sa première place, la jeune et talentueuse Laura Cahen domine tout : la majorité de mes écoutes d’abord, à mon admiration la plus totale enfin. C’est bien simple je n’ai eu de cesse de l’encenser ! Car rarement j’ai ressenti le talent d’un artiste me sauter au visage et au cœur si droit et fort que j’en reste encore aujourd’hui transie… d’amour ? Certainement. Je crois qu’on est de cet ordre-là. Cette fille à tout pour réussir cette même opération séduction sur le plus grand nombre, grâce à des qualités d’écriture indéniables, au hasard cette formule magique : « le son du cor me rappelle le tiens ». Mais aussi avec cette sensibilité rare lorsqu’elle interprète ses chansons, d’une voix claire et puissante, qu’elle maîtrise aussi bien que les autres instruments qui l’accompagnent. J’ai choisi ce titre pour ces arrangements qui le magnifient encore un peu plus mais j’aurais pu choisir n’importe lequel des titres qui font de Nord, un petit chef-d’œuvre contemporain. 

 

2. Grandaddy "A Lost Machine"

 

Lorsque j’ai découvert ce groupe de barbus californiens, quinze ans avant ce jour, j’étais alors en pleine mue musicale. Jason Lytle avait su me cueillir avec son album doux amer « The Sophtware Slump », depuis inlassablement dans mon top 5 de ces fameux albums qu’il faudrait emporter une île déserte, sujet dont il est question dans ce titre, A Lost Machine. Avec cette chanson, j’ai l’impression d’entendre des relents de « He’s Simple, He’s Dumb, He’s The Pilot ». Certainement ce duo entre le piano et la voix de Jason Lytle, et cette montée exaltante qui transforme la chanson, lui donne une puissance presque symphonique dans le traitement.

Hélas, la perte tragique de leur bassiste cette année a contraint le groupe à annuler sa tournée, ne me permettant pas de jouir de leurs morceaux ailleurs que sur disque vinyle…

 

3. Klub des Loosers (feat Xavier Boyer) "Neuf Moins Huit"

 

Réminiscence de jeunesse à nouveau avec Fuzati qui reprend les rênes du plus célèbre Klub que le rap français n’a jamais créé. À lui seul ou presque, puisque ce titre notamment est arrangé par Xavier Boyer (Tahiti 80), il réalise cet album aussi ambitieux que réussi. La verve toujours bien pendue, le rappeur versaillais s’épanche à l’envi sur la vacuité de nos vies, sur le ridicule de nos agissements, à grands coups de punchlines bien senties.  Dans les chansons de Fuzati, on croise du bas-monde obnubilé comme lui on le suppose, par l’art vain et le vin tout court. Ici les mélanges sont à consommer jusqu’à la lie, dans un plaisir coupable de l’entendre nous conter la tristesse contemporaine. 

 

4. Lana Del Rey (feat A$ap Rocky & Playboi Carti) "Summer Bummer"

 

Encore elle. En effet, un seul top lui aura échappé en cinq années, mais c’est que sa productivité est toujours d’une grande qualité ! Si le charme agit toujours c’est grâce à cette allure enjôleuse bien que surannée et à ce phrasé langoureux si caractéristique qui nous répète ici « It’s never too late, to be who you wanna be », comme un mantra lu par une gourou moderne et que c’est suffisamment efficace pour ignorer laisser place au moindre jugement contraire ! Et parce que la belle sait s’entourer elle partage les paroles avec A$ap Rocky et Playboi Carti, pour une joute terriblement efficace qui prouvera s’il le fallait que le hip hop est sexy sans que la femme en soit l’objet asservi.

 

5. Portugal. The Man "Feel It Still"

 

La chanson fell good de l’année ! Mais comment rester insensible ? Dès l’entame du titre on est déjà prêt à chanter à tue-tête avec John Gourley ! Difficile de décrypter la recette qui permet ce petit miracle, mais on peut aisément imaginer que le grain de sel d’un certain Danger Mouse (Black Keys, Adele, A$ap Rocky…) qui produit l’album n’est pas étranger à l’affaire... Feel It Still est d’ailleurs instantanément devenu le titre le plus populaire du groupe, le hissant en haut des charts américains tel que le Billboard ! Une performance qu’ils défendent remarquablement sur scène : rarement je n’ai vu de groupe aussi vif en concert ! Leur show était drôle et entrainant, s’éloignant du line-up consensuel, ils se permettent des interludes en reprenant Oasis ou encore Pink Floyd, improviser de longs bœufs et le tout en mêlant la vidéo à leurs titres, en cherchant humblement à créer une véritable communion avec leur public sans tirer les projecteurs à eux, au sens premier du terme ! Mon plus beau moment live de l’année, et la cinquième place de ce top, sans discuter…

 

6. Bonobo (feat Nick Murphy) "No Reason"

 

Décidemment, c’est un top éclectique qui se tisse ici, puisque qu’avec Bonobo, voici la part électro qui remporte tous mes suffrages. Simon Green, le célèbre DJ, se fait une fois de plus remarquer avec sa nouvelle production, Migration, qui renferme tout un lot de titres gagnants, mais dont No Reason, en collaboration avec Chet Faker remporte le premier prix. Tout d’abord parce que ce duo sample mi percussions-mi digital et voix de tête fonctionne parfaitement. C’est vaporeux, envoûtant, on voyage… et pourtant, il est question d’enfermement, de besoin de dépaysement mais sans déplacement, ce malaise contemporain qui définit assez bien le titre et la musique plus largement. Le clip l’illustre très joliment d’ailleurs, où quand l’image se joint au son à la perfection.

 

7. Arcade Fire "Electric Blue"

 

Le retour tonitruant et tant attendu d’un des groupes les plus inventifs du rock moderne ! On imagine aisément la difficulté de produire à nouveau après l’impeccable Reflektor, si bien que le groupe emmené par les frères Butler prend à nouveau les fans au dépourvu en opérant un virage serré dans leur identité même, revenant avec des titres bien plus courts, perdus quelque part aux confins du disco comme l’atteste ce titre, Electric Blue. C’est Régine Chassagne qui tire la part-belle de ce morceau lancinant, clamant son texte comme un défi au monde moderne et à quiconque veut bien l’entendre. Elle semble se jouer de la ritournelle qui gentiment l’accompagne sur le refrain, comme pour nous dire qu’après tout, tout leur est permis et qu’ils n’attendent pas l’aval de la foule pour explorer de nouvelles sonorités. Finalement, une fois l’heure d’écoute religieuse écoulée, c’est ce refrain que l’on chantonne encore…

 

8. Sandor "Rincer à l’Eau"

 

On s’achemine doucement mais sûrement vers une parité parfaite dans ce classement. 2017 s’inscrira plus que jamais sous le joug féminin, de celles qui prennent le pouvoir, et dans le genre, Sandor se place un peu là. La suissesse touche à tout, écrit, compose et interprète ses titres avec force. Encore confidentielle, elle a pourtant fort à démontrer. D’une voix revancharde bien qu’elle parle souvent d’amour, on entend dans cette attitude toute la rage de la passion qui l’inspire. Ses textes sont pleins d’images, mélangeant le champ lexical de la guerre à celui de l’amour, et le résultat vise juste. Le choix atypique du synthétiseur dans l’arrangement apporte toute la particularité à ses créations. Une découverte à suivre de près, gageons qu’après un EP prometteur, un album arrive de bonne heure !

 

9. Juliette Armanet "L’Indien"

 

Découverte sur un sampler (c’est que je me fais vieille) en 2016, j’attendais avec impatience la parution du premier disque de la parisienne. Il débarqua comme une fleur au printemps et avec lui toute la mièvrerie qui font à certains des allergies et que moi je trouve si jolie. Le retour du romantisme assumé par la belle, dans son plus simple accompagnement qu’est son piano suffit à mon bonheur. Qu’il est bon de chanter librement ses élans du cœur tout en rimes riches ! Elle libère cette parole sensible avec talent, de façon certes un peu empruntée à d’autres talentueuses interprètes d’une génération précédente, mais je crois sincèrement qu’il y a de la place pour une icône et pour sa relève. À quoi bon renier sa part niaise, être pour la libération féminine c’est clamer haut et fort que l’amour vaincra, et le dire en chanson c’est ce qui motive souvent la création. Car les mots sont faits pour être chantés autant que pour être vécus, et ça, elle l’a superbement bien compris !

 

10. Camélia Jordana "Ce Qui Nous Lie"

 

Parfois, l’amour frappe là où l’on ne l’attend pas. Mais souvent c’est qu’on est tout de même disposé à le recevoir. C’est au cinéma que s’est produit l’impact. Alors installée dans un de ces fauteuils rouges, c’est devant un film de Cédric Klapish et dans tout le confort qui caractérise son cinéma, que j’entendis sa voix. Bien sûr, elle ne m’était pas inconnue et comme pour le film, j’avais cette impression de déjà vu, déjà entendu, mais avec ceci de différent qui a fait de cette apparente tranquillité un bijou à protéger. Cette chanson est d’une beauté rare et cette voix cristalline si pure font qu’on tombe amoureux sans même sans apercevoir. L’éclat de cette découverte réfléchi encore après la séance, on l’emporte avec soi, on la chérit. Ainsi chaque écoute résonne comme au premier jour et me laisse à penser que les plus jolies choses comme les plus agréables mélodies peuvent parvenir à ceux qui savent les entendre…

 

 

Et parce que la musique vaut toujours mieux que mes grands discours...

https://open.spotify.com/user/1125297286/playlist/2QuTKEEK7qUWLj7qAovovCWLj7qAovovC

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 11:44

 

L'amour devant soi

 

Autant vous le dire tout de go, j’ai adoré ce film.

L’épopée d’un amour réciproque sur 45 ans, voilà un sacré pari cinématographique pour Nicolas Bedos qui s’essaie pour la première fois à la réalisation. Pour le scénario, on peut lui faire une confiance aveugle, l’auteur des Chroniques Mythomanes scénarise cette vie de couple comme autant d’instantanés, de sketches qui mis bout-à-bout chronologiquement forment cette histoire touchante et drôle. Tout y est fragmenté et décortiqué à l’envi, mettant l’accent sur les moments clefs de leur passion jusqu’à leur détérioration.

On rencontre les personnages en même temps qu’eux, dans les années 70, ils sont jeunes et beaux, et pourtant tout n’est pas cousu de fil blanc. Nicolas Bedos, pour quiconque en sait un peu sur lui, vit son personnage autant qu’on l’imagine dans la vie : rêvant de créer, de vivre de ses mots et surtout de vivre tout court. « Tout sauf l’ennui », sa marotte tout au long du métrage l’illustre parfaitement. Alors on vit avec lui : l’amour fou, la gloire qui s’y additionne, car quand l’amour est là, sa création s’en trouve démultiplié. Il joue de ses origines favorisées qu’il transpose à l’écran à grand renfort de seconds rôles très bien choisis, avec un Pierre Arditi en père gaucho hilarant, ou encore un Denis Podalydès en psy désabusé, qui donneront des scènes exquises ! Du côté de Mme Adelman, on tombe forcément amoureux de Doria Tillier, fraîche mais pas mutine, qui pour son premier film et dans un premier rôle sur-mesure, rayonne. Elle est tout ce qu’on veut qu’elle soit, et bien plus encore. Forte et d’une opiniâtré à toute épreuve, même face à leur premier enfant, mal né. Une trouvaille d’un humour noir qui fonctionne totalement, l’intelligence et la vivacité d’esprit qu’ils revendiquent souvent sans modestie, fait naître un attardé, et sans être larmoyant c’est d’une drôlerie sans bornes ! L’occasion d’exorciser quelque-chose pour le fils Bedos ? Car l’humour, si présent dans le film par la finesse des dialogues, dit beaucoup de choses de leur milieu, du monde littéraire aussi, et sans avoir affaire totalement à une comédie, on rit de leurs déboires, autant qu’on s’apitoie de leur triste sort, de la vie qui passe sans qu’ils ne puissent en retenir les bons moments, surtout pour lui qu’Alzheimer va atteindre.

 

Un film rempli de bonnes intentions très bien transposées à l’écran, de bons mots, et interprété avec une pléiade d’acteurs plus ou moins professionnels mais qui paraissent tous si heureux d’être là (je pense au caméo de David Foenkinos particulièrement) que ce plaisir devient communicatif. Et l’épilogue du film est tellement savoureux, qu’on ne peut pas bouder son plaisir…

Alors bien sûr, Nicolas Bedos est ce genre d’homme qu’on aime ou non, qu’on jalouse certainement beaucoup, mais il serait naïf de croire qu’il n’a pas, en plus des moyens de ses ambitions, un talent indéniable !

 

En salle le 8 mars

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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 13:10

2016 en 10 chansons

 

               Dans le genre morbide et haute en couleurs, 2016 s’est particulièrement distinguée !
Une année passée à enterrer des icônes et tenter de s’en remettre, douze mois rythmés entre adieux déchirants et retours tonitruants. Un classement intime en deux teintes donc, mi-larmoyant, mais avec ce qu’il faut de rock pour démarrer la prochaine année sous de meilleurs hospices !
 
 
 
 
1. Radiohead "Decks Dark"
 
 
Sans nul doute ma chanson de l’année, et de manière générale, A Moon Shape Pool, son album incontournable tant il est parfait de bout en bout ! Le retour inespéré de la bande à Tom Yorke a surpassé mes attentes, et les voir en live a été ma plus belle expérience scénique tous genres confondus. Cet album dévoile encore une nouvelle facette du groupe, chaque nouveau projet semble teinté d’une couleur particulière, et alors qu’on pensait avoir fait le tour du cercle chromatique on en découvre encore, de l’inconnu, du sombre mais avec ce ton chaud et réconfortant dans lequel on fond littéralement. Ce titre au premier abord lugubre avec ses chœurs et la voix presque ralentie de sir Yorke, prend de l’ampleur graduellement jusqu’à atteindre son apogée après 3’20 et qui me fait tressaillir à chaque écoute. Le texte est évidemment un pur bijou de poésie, un véritable retour en grâce !
 
 
 
2. Warpaint "By Your Side"
 
 
Alors oui, je suis un peu obsessionnelle avec ces demoiselles, et certains pousseront même l’interprétation de cette passion un peu plus loin en disant que j’ai nettement une préférence pour le rock emmené par des voix féminines et ils n’auraient pas forcément tort. Simple phénomène d’identification ou véritable vénération pour ces femmes qui percent dans un milieu au sein duquel on les attend davantage en backstage que sur scène ? Un peu des deux certainement… Toujours est-il que ces américaines installent tranquillement leur style et une place privilégiée dans les cœurs jusqu’à ceux des plus mainstream et que ce n’est pas un hasard. Avec ce quatrième opus, elles tirent tous azimuts, touchant à la pop et aux expérimentations à grand renfort de samples mais les unissant toujours à cette lancinante mélopée qui fait leur caractère doux-amer. Cette chanson est selon moi celle qui allie le mieux la nostalgie de titres tels que Burgundy ou encore Majesty de leurs débuts et ces nouvelles sonorités. Qui a dit qu’il fallait craindre le changement ?
 
 
 
3. Agnes Obel "Familiar"
 
 
Trois années se sont écoulées depuis la sortie de The Curse, chanson éponyme du précédent album qui avait marquée mon année 2013, qui elle-même succédait à trois années après sa découverte avec Riverside. C’est donc avec la précision d’un métronome que la belle danoise nous livre à nouveau une chanson remarquable, qui ne peut laisser insensible. Elle a toujours été pour moi une porte d’accès dérobée à la musique classique qui m’impressionne, elle a ce don de vulgarisation sans perdre la majesté du genre. Sur scène, on comprend vite que c’est ce titre qui tire l’album, elle y ajoute d’ailleurs quelques mesures finales qui a elles seules méritent le déplacement. Une alchimie parfaitement dosée entre sa voix claire ou vocodée sur le refrain, son piano et les cordes, un ensemble qui rassure : non, Agnès n’a rien perdu de sa superbe !
 
 
 
4. David Bowie "Lazarus"
 
 
Bientôt un an que cette légende s’en est allée, et l’œuvre immense qu’il lègue devrait sans peine nous permettre de le pleurer encore longtemps. Ce dernier album résonne évidemment comme un testament, lui qui devait sentir la fin si proche. Lazarus nous disait tout avant que le drame n’arrive, il suffisait de l’entendre nous le chanter. Ainsi les paroles et le traitement de sa voix sont orchestrés de telle sorte à nous rendre l’écoute encore plus douloureuse. Bien sûr, j’ai choisi ce titre puisqu’il est sorti cette année, mais c’est une autre facette de Bowie que j’ai réécoutée à l’envie, celle de Ziggy Stardust et de ses « spiders from Mars », pour moi l’apogée de sa carrière. Alors souhaitons que résonnent encore longtemps les multiples créations de Bowie, et que ses émules seront encore plus nombreux à l’avenir, et gageons que comme dans sa chanson, il soit bien parti rejoindre le paradis…
 
 
 
5. Nick Cave & The Bad Seeds "I Need You"
 
 
Lorsque Skeleton Tree est sorti, j’ai repoussée son écoute. Il est des artistes dont on sait que la découverte d’une nouvelle production ne laissera pas indemne. Et quand on connait le pouvoir émotionnant de Nick Cave, c’est peu dire qu’il vaut mieux soi-même ne pas se sentir affaibli, car ce serait prendre le risque de ne pas en réchapper ! D’autant plus quand on connaît l’envers du décor de ce disque, sorti à peine un an après la mort de son fils. Son empreinte est donc partout et la tristesse infinie dans sa voix en est très certainement la cause. Le titre s’étire, les paroles nous enfoncent un peu plus dans sa mélancolie, « Nothing really matters when the one you love is gone », et ce sont les membres de son groupe qui viennent finalement le supporter en assurant les chœurs. Tant de sincérité, d’imprégnation personnelle, font des chansons de Skeleton Tree, et de celle-ci tout particulièrement, des hommages vibrants.
 
 
 
6. James Blake "Radio Silence"
 
 
On avait failli ne plus y croire, des mois que la rumeur d’un nouvel album du jeune prodige se faisait pourtant insistante. Et puis deux titres se sont faits entendre, précédent l’album « The Colour in Anything ». Parmi eux, cette complainte, Radio Silence, dont les paroles évoquent sommairement le départ de quelqu’un de cher, et la stupéfaction qui en résulte. Le titre décrit cette scène inlassablement, sur la forme également. D’abord de façon dépouillée : sa voix samplée, lointaine, avec laquelle il va sembler converser, et son piano. Puis s’ensuivent les instrumentations, plus expérimentales, qui viennent amplifier la mesure qui se répète. Cette pluralité des voix donne une ambiance oppressante à la chanson mais au cœur de laquelle on se sent confortablement niché. Quel dommage que le reste du disque soit aussi inégal…
 
 
 
7. The Kills "Doing It To Death"
 
 
Encore un retour en grande pompe (funèbre) de l’un de mes groupes fétiches ! Le duo Mosshart/Hince a frappé fort au printemps dernier en dévoilant ce single puis l’album Ash & Ice qui suivi. Pourtant il y avait fort à craindre, puisque Hotel (le surnom de Jamie Hince ndlr), venait de subir pas moins de six interventions chirurgicales sur sa main, l’obligeant à revoir entièrement son jeu de guitariste. En live, on y voit que du feu, la présence scénique des deux compères n’est plus à prouver. Ce titre frappe un grand coup et vous l’uppercut reste en tête longtemps ! C’est justement ce que la chanson décrit : la recherche de plaisir infini et redondant, dans ce qu’il a de plus dévastateur, jusqu’à l’épuisement. Et des titres aussi réussis comme celui-là, et comme depuis toujours dans leurs albums, les Kills nous servent jusqu’à l’ivresse !
 
 
 
8. Deftones "Phantom Bride"
 
 
Parce que oui, apprécier la belle Obel et la voix certes moins pure de Chino Moreno est possible, j’ai un spectre d’écoute assez large. Deftones restera toujours ce groupe de métal que j’adorerais sans limite. Cette énergie déployée et leur style jamais égalé me séduit à chaque nouvel album. Avec ce titre on sort légèrement de leur zone de confort, avec son entame plus mélodique et un solo de guitare vraiment old school mais qui se niche parfaitement au cœur de la chanson. In fine on se retrouve avec une progression qui se déroule sans forcer mais qui emporte tout sur son passage, et qui termine son ascension lente mais sûre par les gros riffs qui caractérisent le genre du groupe et qui assoit leur légitimité. C’est puissant, on s’attristerait presque qu’il n’y eu pas d’autres titres à cette image dans Gore…
 
 
 
9. The Last Shadow Puppets "Aviation"
 
 
Alex Turner, un nom qui a lui seul suffit à vous exciter, rien que ça. Délaissant le temps de la récréation les Arctic Monkeys, le dandy est de retour avec Miles Kane, son frère de cœur (ce qui est peu dire lorsqu’on les voit sur scène s’enlacer lascivement). Ensemble les deux comparses créent un album à l’identité très marquée et Aviation le titre d’ouverture annonce les couleurs du film qui va suivre. Un film de gangster, ou la séduction de jeunes filles en détresse serait au cœur de l’intrigue, même si bien évidemment, ces demoiselles tombent à leur merci sans sourciller. En intégrant des cordes à leurs guitares sixties, on ajoute du grandiloquent à leur style, on croise Elvis qui aurait survécu à des décennies sans saveur pour s’annoncer avec la classe qu’on attend. C’est tout un imaginaire qui se développe à l’écoute, un genre neuf avec du vieux, qu’ils investissent en maîtres !
 
 
 
10. Lola Marsh "You're Mine"
 
 
Seule nouveauté de ce top, et je vous l’accorde volontiers, seule entrée qui sorte un peu de ma zone de confort. On s’échappe un instant du rock indépendant que je chéri tant, pour découvrir un duo qui fait de la pop folk douce et enjouée. Gil (le guitariste) et Yael (la voix du groupe) viennent tout droit de Tel Aviv, et pourtant leur production est incroyablement universelle. Leur EP est un petit bijou acidulé, et cette chanson, un tube en puissance. On a là une love song tout ce qu’il y a de plus banal mais comme toutes les bonnes chansons, on l’aime instantanément et sans bornes. Bien sûr, elle doit beaucoup à son interprète, à la voix d’une douceur infinie, sorte de femme frêle dotée d'un organe enchanteur dont on tombe amoureux sans retenue. Et mon cœur me dit que l’histoire d’amour ne fait que commencer...
 
 

Et parce que la musique vaut toujours mieux que mes grands discours...

http://www.deezer.com/playlist/2622279064

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2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 19:30

 

Et le gagnant est...

 

Mercredi 2 novembre 2016. Veille de la grande messe, veille de la remise du prix Goncourt.

Décrite pour bon nombre comme une vaste mascarade visant à enorgueillir un peu plus s'il le fallait les pontes de l'édition française, la remise du plus prestigieux des prix littéraires entraîne inévitablement les spéculations. Chacun y va de son pronostic, tablant sur le nom de l'auteur qui sortira gagnant de la solennelle mise en scène qui se joue chaque année au Drouant.
Parce qu'au-delà du snobisme littéraire français que révèle la cérémonie, c'est tout un marché qui attend impatiemment, de savoir quel roman et combien de sapins de noël se trouveront garnis aux couleurs du bandeau rouge.
Et pour cette année, j'ai clairement ma préférence...
 
Je mise tous mes espoirs sur une jeune auteur, Leïla Slimani, en lice avec son second roman, Chanson Douce.
Deux ans seulement après Le Jardin de l'Ogre, ou la plongée à corps perdu dans la tête d'une nymphomane, l'écrivaine nous revient avec un nouveau personnage féminin aux troubles plus incisifs encore, puisqu'ils la mèneront aux meurtre des deux jeunes enfants dont elle a la garde...
Ce roman s'ouvre sur cette scène de crime innommable et tout le livre s'articule autour de cette femme, Louise, et des gens qui l'ont côtoyée, tentant s'il est possible d'expliquer ce geste fatal. Empruntant son suspens aux meilleurs thrillers, l'auteur ne perd pas son genre romanesque et tisse de façon novatrice le fil de l'histoire si réaliste. C'est dans le dixième arrondissement de Paris que se déroulent ces événements, en plein cœur de la ville et de l'actualité qui la tourmente. On entend les informations du moment à la télévision, le racisme ambiant qui en découle, on constate avec les personnages la gentrification des quartiers, la pauvreté qui jonche les rues de la capitale, autant de détails qui assurent au lecteur un ancrage immédiat à l'histoire. Les parents eux-mêmes sont représentatifs de notre société, couple mixte, dans lequel la femme renonce à travailler pour s'occuper de leur progéniture. Le bouleversement vient de cette voix de femme, décrivant "ce bonheur simple, muet, carcéral" comme insuffisant à son accomplissement personnel. Elle rejoint la foule des parisiens stressés et hyperactifs, et c'est alors qu'entre en scène cette nounou tout bonnement parfaite. D'un professionnalisme à toute épreuve, "mutique et décalée", elle a l'apparence d'une nurse anglaise et l’exigence qui va avec. Très vite, elle va s'immiscer dans la vie du jeune couple, les soulageant de toute responsabilité, et prendra naturellement une place particulière qu'on lui attribuera bien volontiers au sein de la famille. Interdépendants les uns aux autres, les turpitudes de la nouvelle adoptée vont se trouver exacerbées par cet amour immédiat et entier. Pour nous aider à entrer nous aussi dans ce foyer, et plus précisément dans leurs esprits, Leïla Slimani utilise des procédés stylistiques comme les changements de voix et de regards, faisant ainsi témoigner voisins, connaissances du passé de la gouvernante et d'autres afin de reconstituer avec elle l'enquête qui se dessine en toile de fond. L'écriture est fluide, juste et encore une fois hyperréaliste, les talents de l'auteur sont multiples et nécessaires à la réussite d'un bon livre, mais c'est dans cette capacité à figer ses romans dans le réel qu'elle se distingue.
Car cette histoire, dont on connaît pourtant le dénouement tragique dès son commencement, vous accueille tendrement, on se laisse bercer par cette chanson douce, qui mérite si ce n'est le Goncourt, au moins d'être lue. 
 

Chanson Douce, aux éditions Gallimard
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26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 00:05

 

Le mal du siècle

 

Un coup de coeur ne doit pas être pris à la légère.

Parce qu'un véritable coup de cœur fait naître chez vous quelque chose d'inédit, d’inexplicable, qui trouve sa place sur une échelle des sentiments non-établie, située en nous quelque-part entre fébrilité et jouissance. Et dans ce cas précis, Il faut en parler. Soigner ce nouvel état souffreteux en partageant ses émotions. Et une fois n'est pas coutume, c'est vers vous que je viens partager mes états d'âmes...

 
Cette nouvelle obsession porte un nom, celui d'un film: Le Mal de Pierres, de Nicole Garcia, tiré du livre du même titre, écrit par Milena Agus.
 
 
Je ne savais presque rien avant de le voir, je n'avais pas lu le livre et m'étais pour une fois tenue éloignée de la critique. C'est donc vide de tout à priori que je me suis laissée prendre par tout ce qui fait à mes yeux la réussite totale de ce film, au-delà de son histoire captivante: une photo sublime, une musique chargée d'une émotion incomparable et surtout, une Marion Cotillard incandescente. 
Elle y interprète le rôle de Gabrielle, jeune bourgeoise vivant loin des affres de la seconde guerre mondiale, éprise de maux divers, qu'on croit presque folle. Elle est éprise d'un besoin viscéral d'aimer, rêve de désirs charnels inassouvis, est rongée par ce manque dont elle fantasme tout. Sa mère ne supportant plus les simagrées de sa fille, loin des bonnes mœurs en vigueur alors, va la marier de force à un des employés de son domaine. Le film se traîne dans une langueur captivante, nous laissant tout le loisir d'observer, de vivre avec son actrice principale le désespoir dans lequel elle se noie... Pourtant la libération viendra pour elle d'un autre de ses maux, plus réel celui-là, le mal de pierre, (médicalement usité pour désigné un patient souffrant de calculs). Un séjour en cure lui est prescrit. Face à elle-même, recluse dans cet endroit aseptisé au sein duquel elle ne pense trouver aucune issue, elle va faire la rencontre d'André Sauvage, un officier interprété par Louis Garrel, qui va réveiller chez la jeune fille, tous les instincts qu'on désiraient faire taire chez elle...

 

L’interprétation de Marion Cotillard, seule raison s'il le fallait pour voir ce long-métrage, est d'une justesse remarquable, dans tous les états qui la traversent, qui font d'elle une femme transcendée, entièrement dévouée à ses émotions, elle irradie! Les rôles secondaires ne sont pas en reste, bien que Louis Garrel m'eût laissée sur ma faim, comme s'il se retenait pour laisser toute la place à sa partenaire... 
Une vie racontée par le prisme de cette violente envie de vivre, rythmée magnifiquement par une bande-originale signée Daniel Pemberton, du classique à cordes et du piano pour être au diapason.
Une histoire de femme, assurément, mais qui plaira à ceux que leurs tourments intéressent, désireux à leur tour de goûter à la passion par procuration! 
 
 
Actuellement en salles 
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1 janvier 2016 5 01 /01 /janvier /2016 09:47

2015 en 10 chansons

 

 

          2015 vit ses dernières heures, on ne le retiendra pas.
 
Mais bien que l'on aimerait enfouir à jamais certains des événements qui l'ont marqué, tentons aujourd'hui d'en sauver quelques bribes, comme par exemple les dix titres que j'emporterais volontiers sur une île déserte, soit 45 minutes et 52 secondes de trip salutaire pour faire taire cette année... en beauté! 
 

1. Courtney Barnett "Pedestrian At Best"

 

La jeune australienne est au cool ce que Pierre Hermé est au macaron: Une référence plébiscitée à la vitesse de l'éclair par le monde entier. Une friandise dont je ne saurais plus me passer! Une déferlante indé qui en a secouée jusqu'à son auteur, peu habituée aux mondanités, comme nous l'apprennent ses chansons. Parce que c'est avant tout avec ces textes qu'elle souffle cet air revigorant, et "Pedestrian at Best" en est le meilleur exemple de l'album. Plein d'humour et d'autodérision, ce titre au refrain coup de poing "Tell me I'm exceptional, I promise to exploit you, Give me all your money, and I'll make some origami, honey", emmené par un riff on ne peut plus entraînant, c'est de loin ce que j'ai entendu de plus novateur cette année!

 

 

2. Lana Del Rey "High By The Beach"

 

Lana Del Rey, c'est un peu comme une vigie au coeur de la nuit: une omniprésence rassurante et bienveillante. Rien que ça. En même temps, c'est la troisième année consécutive que Lana occupe mon top 3, on est plus à un compliment près. Dans ce nouvel album, "Honeymoon", c'est une chanteuse installée qui s'exprime, et puisque le mariage est scellé entre elle et ses fans, l'album se fait plus lancinant, moins obsédé par la recherche du tube. On apprécie son apparente décontraction et avec "High By The Beach" on atteint des sommets de plénitude. Lana, reine du zen et de la pop, avec laquelle on voudrait partager encore beaucoup d'anniversaires de mariage! 

 

 

3. Blur "They Are Too Many Of Us"

 

Qui aurait pu prédire le retour de ce groupe mythique des années 90? Et surtout qui aurait pu croire à un come-back gagnant? Et pourtant, à grands renfort de prières de la part de leurs fans de la première heure, Damon Albarn et Graham Coxon ont pris la sage décision d'enterrer la hache de guerre et de s'offrir de dépaysantes vacances improvisées sur l'île de Hong Kong. Force est de constater que le résultat fut à la hauteur des espérances et qu'avec "The Magic Whip" le groupe à fait taire tous les sceptiques! "They Are Too Many Of Us" est à mon sens une chanson tout particulièrement réussie, simple d'apparence mais qui parle en grand, de l'humain et de sa volonté féroce de se reproduire et de se ressembler. Et ça, ça devrait unanimement nous rassembler autour d'eux. 

 

 

4. JennyLee "Never"

 

Comment parler de mon groupe favori alors qu'il n'a rien sorti cette année? En se jetant sur l'album de sa bassiste, qui a décidé de se lancer en solo! Jenny Lee Lindberg, la plus déjantée des Warpaint n'a pas pêché par excès de confiance suite au succès de la bande de filles: son album est abouti et surtout très inspiré! Telle une chamane, elle nous enivre de sa voix nonchalante, et en concert elle ajoute la gestuelle aux sonorités new-wave de ces titres et c'est tout le public qui balance en rythme avec elle sur les lignes de basses particulièrement réussies, on en attendait pas moins de sa part évidemment. C'est donc une excellente surprise de cette fin d'année, qui permettra de patienter un peu avant le troisième opus des californiennes...  

 

 

5. Fyfe "Veins"

 

Paul Dixon se fait appeler Fyfe à la scène depuis 2013, une nouvelle identité après un premier essai remarqué pourtant à sa majorité. Mais c'est bien cette année que son projet prend sa forme la plus mature avec la sortie de Control, son album final après la multiplication de singles, comme le somptueux Solace, découvert en 2014. Le jeune britannique propose un son moderne, à grand renfort d'ajouts électroniques auxquels il marie sa voix claire et fluide, qui fait immanquablement référence à son contemporain James Blake. Avec Veins on est au-delà d'une simple love song, il l'intensifie habilement avec des chœurs, la charge émotivement avec des paroles dont on ne peut que souhaiter en être la destinataire, dites-moi seulement comment résister à son charme? 

 

 

6. Rone (feat Etienne Daho & Brice Dessner) "Mortelle"

 

Encore un pseudonyme derrière lequel se cache un homme, Erwan Castex, qu'on peut aisément qualifier de petit génie de l'électro. La french touch il la connait, la produit et la distille à travers de nombreuses collaborations qui en font un touche-à-tout plébiscité par les musiciens et encensé par la presse internationale. Après avoir précédemment remixé un excellent titre d'Etienne Daho "En Surface", ce dernier lui rend la pareille sur son projet avec un titre parfaitement pensé pour sa tessiture de voix:"Mortelle". Une ambiance énigmatique mais sensuelle s'en dégage, à l'instar du clip qui l'habille, dans lequel des marins briscards côtoient une danseuse de pôle-dance, une expérience unique qui se poursuit tout au long de l'album, comme une ballade le long d'un fleuve pas si tranquille...

 

 

7. Marilyn Manson "Fated, Faithful, Fatal" (Bonus track)

 

2015, ou l'année des come-back gagnants, parmi lesquels Marilyn Manson trouve toute sa place. Car si les cinq premiers albums de l'artiste maudit ont tournés à plein tubes sur mon lecteur CD portable, il faut bien avouer que 15 ans sont passés et que si certaines technologies font désormais partie du passé, Marilyn Manson quant à lui à su brillamment se renouveler! Il nous revient en empereur sur un style qu'il domine à la perfection, et c'est un plaisir masochiste de lui être à nouveau assujetti! S'il nous apprend que "The past is over" c'est uniquement pour lui permettre de mieux renaître, dans une chanson dépouillée, quasiment un simple guitare électro-acoustique/voix et pourtant c'est percutant, puissant, j'adore cette version inédite du "Mephistopheles of LA" qui surpasse largement sa version électrique!

 

 

8. Muse "The Handler"

 

À l'inverse du grand retour de Blur, j'appréhendais énormément celui de Muse. 3 ans après le flop retentissant du "2nd Law", j'avais beaucoup de mal à imaginer un retour triomphant du groupe qui avait tant compté pour moi à leurs début. Et pourtant, à la sortie de Drones, il s'est produit quelque chose dont j'ai peine à me remettre: j'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe. Brièvement certes, mais l'occasion faisant le laron, j'ai laissé mes à-priori de côté pour donner sa chance à "Drônes", ultime création paranoïaque de Matthew Bellamy. Et j'ai bien fait ne serait-ce que pour ce titre, car si l'ensemble de l'album est assez inégal, ce morceau à lui seul permet de le sauver de la déception tant redoutée. Morceau qui n'est pas sans rappeler Stockholm Syndrome, avec des riffs imparables et une construction taillée pour la scène... hâte de vérifier ça à Bercy au printemps!

 

 

9. Hindi Zahra "Any Story"

 

Pour le dépaysement, évidemment. Parce que la chanteuse franco-marocaine à ce don inné dans la voix pour nous faire voyager vers un ailleurs aux frontières indéfinies, car est-ce vraiment seulement le Maghreb? Sur cette chanson interprétée exclusivement en anglais, on est balayés d'embruns marins, de relents jazzy, de chaleur latine, mais je m'égare... il est pourtant toujours question de trouver des origines à sa musique, comme l'atteste le titre de son recueil de chansons "Homeland". Sur cet album on voyage avec ce petit vague à l'âme nécessaire à l'introspection, on se laisse porter par le charme de notre poétesse, pour faire escale en terre concquise. 

 

 

10. Bang Gang (feat Keren Ann) "A Lonely Bird"

 

L'islandais qui m'avait tant ému avec Something Wrong revient discrètement en proposant son nouveau projet à ses fans sur un site participatif. On y suit l'élaboration du disque, on se sent proche de Bardi et au début de l'été, on accueille l'album avec la sensation heureuse d'avoir fait partie de sa conception. Je repère vite ce titre, un duo avec Keren Ann, avec laquelle il avait déjà crée un conte enchanté il y a quelques années,"Lady and Bird". Tous deux y chantent à l'unisson, ensemble mais farouchement isolés. Parce que c'est finalement ce que Bardi décrit inlassablement: sa solitude cotonneuse, il y a le froid de son pays mêlé à de réconfortantes mélodies, on pourrait s'endormir à la belle étoile en l'écoutant mais sans vraiment savoir de quoi les rêves seraient faits avec de telles berceuses...

2015 vit ses dernières heures, on ne le retiendra pas. Mais si l'on voudrait enfouir à jamais certains des événements qui l'ont marqué, tentons aujourd'hui d'en sauver quelques bribes,notamment les dix titres que j'emporterais volontiers sur une île déserte, 45 minutes et 52 secondes de trip salutaire pour faire taire cette année... en beauté! 


 
1. Courtney Barnett "Pedestrian At Best"
 
La jeune australienne est au cool ce que Pierre Hermé est au macaron: Une référence plébiscitée à la vitesse de l'éclair par le monde entier. Une friandise dont je ne saurais plus me passer! Une déferlante indé qui en a secouée jusqu'à son auteur, peu habituée aux mondanités, comme nous l'apprennent ses chansons. Parce que c'est avant tout avec ces textes qu'elle souffle cet air revigorant, et "Pedestrian at Best" en est le meilleur exemple de l'album. Plein d'humour et d'autodérision, ce titre au refrain coup de poing "Tell me I'm exceptional, I promise to exploit you, Give me all your money, and I'll make some origami, honey", emmené par un riff on ne peut plus entraînant, c'est de loin ce que j'ai entendu de plus novateur cette année!
 
 
2. Lana Del Rey "High By The Beach"
 
Lana Del Rey, c'est un peu comme une vigie au coeur de la nuit: une omniprésence rassurante et bienveillante. Rien que ça. En même temps, c'est la troisième année consécutive que Lana occupe mon top 3, on est plus à un compliment près. Dans ce nouvel album, "Honeymoon", c'est une chanteuse installée qui s'exprime, et puisque le mariage est consommé entre elle et ses fans, l'album se fait plus lancinant, moins obsédé par la recherche du tube. On apprécie son apparente décontraction et avec "High By The Beach" on atteint des sommets de plénitude. Lana, reine du zen et de la pop, avec laquelle on voudrait partager encore beaucoup d'anniversaires de mariage! 
 
 
 
3. Blur "They Are Too Many Of Us"
 
Qui aurait pu prédire le retour de ce groupe mythique des années 90? Et surtout qui aurait pu croire à un come-back gagnant? Et pourtant, à grands renfort de prières de la part de leurs fans de la première heure, Damon Albarn et Graham Coxon on pris la sage décision d'enterrer la hache de guerre et de s'offrir de dépaysantes vacances improvisées sur l'île de Hong Kong. Force est de constater que le résultat fut à la hauteur des espérances et qu'avec "The Magic Whip" le groupe à fait taire tous les sceptiques! "They Are Too Many Of Us" est à mon sens une chanson tout particulièrement réussie, simple d'apparence mais qui parle en grand, de l'humain et de sa volonté féroce de se reproduire et de se ressembler. Et ça, ça devrait unanimement nous rassembler autour d'eux. 
 
 
 
4. JennyLee "Never"
 
Comment parler de mon groupe favori alors qu'il n'a rien sorti cette année? En se jetant sur l'album de sa bassiste, qui a décidé de se lancer en solo! Jenny Lee Lindberg, la plus déjantée des Warpaint n'a pas pêché par excès de confiance suite au succès de la bande de filles: son album est abouti et surtout très inspiré! Telle une chamane, elle nous enivre de sa voix nonchalante, et en concert elle ajoute la gestuelle aux sonorités new-wave de ces titres et c'est tout le public qui balance en rythme avec elle sur les lignes de basses particulièrement réussies, on en attendait pas moins de sa part évidemment. C'est donc une excellente surprise de cette fin d'année, qui permettra de patienter un peu avant le troisième opus des californiennes...  
 
 
5. Fyfe "Veins"
 
Paul Dixon se fait appeler Fyfe à la scène depuis 2013, une nouvelle identité après un premier essai remarqué pourtant à sa majorité. Mais c'est bien cette année que son projet prend sa forme la plus mature avec la sortie de Control, son album final après la multiplication de singles, comme le somptueux Solace, découvert en 2014. Le jeune britannique propose un son moderne, à grand renfort d'ajouts électroniques auxquels il marie sa voix claire et fluide, qui fait immanquablement référence à son contemporain James Blake. Avec Veins on est au-delà d'une simple love song, il l'intensifie habilement avec des chœurs, la charge émotivement avec des paroles dont on ne peut que souhaiter en être la destinataire, dites-moi seulement comment résister à son charme? 
 
 
6. Rone (feat Etienne Daho & Brice Dessner) "Mortelle"
 
Encore un pseudonyme derrière lequel se cache un homme, Erwan Castex, qu'on peut aisément qualifier de petit génie de l'électro. La french touch il la connait, la produit et la distille à travers de nombreuses collaborations qui en font un touche-à-tout plébiscité par les musiciens et encensé par la presse internationale. Après avoir précédemment remixé un excellent titre d'Etienne Daho "En Surface", ce dernier lui rend la pareille sur son projet avec un titre parfaitement pensé pour sa tessiture de voix:"Mortelle". Une ambiance énigmatique mais sensuelle s'en dégage, à l'instar du clip qui l'habille, dans lequel des marins briscards côtoient une danseuse de pôle-dance, une expérience unique qui se poursuit tout au long de l'album, comme une ballade le long d'un fleuve pas si tranquille...
 
 
7. Marilyn Manson "Fated, Faithful, Fatal" (Bonus track)
 
2015, ou l'année des come-back gagnants, parmi lesquels Marilyn Manson trouve toute sa place. Car si les cinq premiers albums de l'artiste maudit ont tournés à plein tubes sur mon lecteur CD portable, il faut bien avouer que 15 ans sont passés et que si certaines technologies font désormais partie du passé, Marilyn Manson quant à lui à su brillamment se renouveler! Il nous revient en empereur sur un style qu'il domine à la perfection, et c'est un plaisir masochiste de lui être à nouveau assujetti! S'il nous apprend que "The past is over" c'est uniquement pour lui permettre de mieux renaître, dans une chanson dépouillée, quasiment un simple guitare électro-acoustique/voix et pourtant c'est percutant, puissant, j'adore cette version inédite du "Mephistopheles of LA" qui surpasse largement sa version électrique!
 
 
8. Muse "The Handler"
 
À l'inverse du grand retour de Blur, j'appréhendais énormément celui de Muse. 3 ans après le flop retentissant du "2nd Law", j'avais beaucoup de mal à imaginer un retour triomphant du groupe qui avait tant compté pour moi à leurs début. Et pourtant, à la sortie de Drones, il s'est produit quelque chose dont j'ai peine à me remettre: j'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe. Brièvement certes, mais l'occasion faisant le laron, j'ai laissé mes à-priori de côté pour donner sa chance à "Drônes", ultime création paranoïaque de Matthew Bellamy. Et j'ai bien fait ne serait-ce que pour ce titre, car si l'ensemble de l'album est assez inégal, ce morceau à lui seul permet de le sauver de la déception tant redoutée. Morceau qui n'est pas sans rappeler Stockholm Syndrome, avec des riffs imparables et une construction taillée pour la scène... hâte de vérifier ça à Bercy au printemps!
 
 
9. Hindi Zahra "Any Story"
 
Pour le dépaysement, évidemment. Parce que la chanteuse franco-marocaine à ce don inné dans la voix pour nous faire voyager vers un ailleurs aux frontières indéfinies, car est-ce vraiment seulement le Maghreb? Sur cette chanson interprétée exclusivement en anglais, on est balayés d'embruns marins, de relents jazzy, de chaleur latine, mais je m'égare... il est pourtant toujours question de trouver des origines à sa musique, comme l'atteste le titre de son recueil de chansons "Homeland". Sur cet album on voyage avec ce petit vague à l'âme nécessaire à l'introspection, on se laisse porter par le charme de notre poétesse, qu'on qualifiera finalement simplement d'exotique!
 
 
10. Bang Gang (feat Keren Ann) "A Lonely Bird"
 
L'islandais qui m'avait tant ému avec Something Wrong revient discrètement en proposant son nouveau projet à ses fans sur un site participatif. On y suit l'élaboration du disque, on se sent proche de Bardi et au début de l'été, on accueille l'album avec la sensation heureuse d'avoir fait partie de sa conception. Je repère vite ce titre, un duo avec Keren Ann, avec laquelle il avait déjà crée un conte enchanté il y a quelques années,"Lady and Bird". Tous deux y chantent à l'unisson, ensemble mais farouchement isolés. Parce que c'est finalement ce que Bardi décrit inlassablement: sa solitude cotonneuse, il y a le froid de son pays mêlé à de réconfortantes mélodies, on pourrait s'endormir à la belle étoile en l'écoutant mais sans vraiment savoir de quoi les rêves seraient faits avec de telles berceuses...

 

 

Et parce que la musique vaut toujours mieux que mes grands discours...

http://www.deezer.com/playlist/1534452721

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 20:57

 

Substance acide

 

          Je devais avoir seize, dix-sept ans tout au plus, lorsque je me suis plongée pour la première fois dans la narration acide de Virginie Despentes. Mordre au Travers, un recueil de nouvelles m’avait particulièrement bousculée et j’avoue ne pas être sortie indemne du visionnage de son film « Baise-moi ». À cette même époque j’ai également découvert Michel Houellebecq, ou encore Guillaume Dustan. Ces trois auteurs m’ont (trans-)formée au fur et à mesure que j’entrais dans ma vie de femme et dans leurs romans respectifs.

 

          Treize ans plus tard, voilà que les parcours littéraires de Despentes et Houellebecq viennent à nouveau se croiser, puisqu’ils occupent tous deux l’actualité en cette rentrée littéraire d’hiver. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le temps n’a rien enlevé à sa verve féroce. Car au-delà d’une peinture sociale parfaitement réaliste, à l’inverse de la reproduction bien léchée que nous servent certains de ses contemporains, c’est bien une fresque à ciel ouvert que Virginie Despentes nous peint. Quelque chose de l’ordre du tag, sans loi et volontairement contestataire. Une énergie sans pareille pour cracher sur la société actuelle à grand renfort de bons mots disséminés dans les esprits de ses héros de fiction. Sur son cheval de bataille, le personnage éponyme, Vernon Subutex, disquaire charismatique fauché par le vide engendré par la dématérialisation de la musique. C’est l’histoire de sa déchéance qui s’ensuit, de son combat quotidien pour sa survie. Par un habile passage de témoin à chaque chapitre, Vernon trouvera refuge chez les uns tandis que d’autres partiront à sa recherche pour une sombre histoire de testament laissé en sa possession par une star du rock qui l’avait à la bonne. On voyage à travers Paris, dans ses beaux quartiers, où la drogue et les mannequins sur le retour forment un cocktail explosif ; en banlieue, où l’on côtoie un mari violent ;  dans des appartements sans âme, où se lacent des corps perdus qui ne savent pas bien ce qu’ils sont. Tant de questions sans issue qui feront échouer notre homme sur les bancs publics, lassé de toutes ces rencontres égocentrées. Mais dès lors, est-ce vraiment la fin de toute vie sociale ? Le chemin s’arrête t-il au moment précis où l’on ne possède plus rien ?  Non, de toute évidence puisque les tribulations de Vernon se poursuivront encore sur deux tomes à paraître cette année. Parce que Virginie Despentes n’en finira jamais de surprendre, c’est sous cette forme étirée qu’elle prend un plaisir non dissimulé à nous conter notre société, la plume bien encrée dans le noir qui la compose.

À lire sans modération,

 

 

Vernon Subutex, chez Grasset.

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 00:04

 

Et tant d'autres choses...

La page culture #4: L'Amour et les Forêts d'Eric Reinhardt

          Je rabats la quatrième de couverture sur les 366 pages qui composent le roman d’Eric Reinhardt et je suis prise d’une sensation toute  particulière. Celle, précise, de m’être retrouvée chahutée par l’histoire qu’il renferme. Il est rare d’être à ce point bouleversé par une histoire à première vue ordinaire…

       Bénédicte Ombredanne est mère de famille d’une quarantaine d’années, professeur de français dans un collège près de Metz, une femme comme on peut tous en côtoyer en définitive. Alors qu’il nous en fait la description, c’est sur la forme que l’auteur surprend puisqu'il va prendre lui-même place dans son roman, en y incarnant son propre personnage,  lui permettant d’être au plus proche d’elle. Il nous fera ainsi le témoignage de leur rencontre plus vraie que littéraire, il nous parlera des lettres qu’elle lui écrit en temps qu’admiratrice, et on assistera alors à leur première rencontre à Paris... À l’aide d’images aussi détaillées que variées, nous pouvons à loisir observer cette femme se raconter puis prendre son indépendance, de plus en plus seule au fur et à mesure que sa propre histoire est en train de s’écrire. C’est en lisière de forêt que va se nicher le point de départ de la narration, puisqu’il va s’y consommer une passion aussi violente qu’éphémère. Un adultère, qu’elle vivra comme une revendication : celle de sa féminité. Elle paiera cher cet affront de retour à la maison, où son mari l’attend avec ses enfants. Tous trois ne la ménageront pas pour obtenir d’elle des aveux, qui cèderont bien vite la place à une longue et sinueuse descente aux enfers, faite de mensonges et d’humiliations pour Bénédicte. Par la magie de la narration, associée à une qualité d’écriture indéniable, Eric Reinhardt parvient à nous installer aux premières loges de ce spectacle morbide, celui du quotidien de cette femme, entaché chaque matin un peu plus par le harcèlement de son propre mari. Ceux qu’on a coutume d’appeler désormais cliniquement des pervers narcissiques, se retrouvent personnifiés en un être de fiction.

À combien s’élève le coût de la vie quand on la partage avec ce genre d’individu psychopathe?

Que se passe t-il réellement au cœur du pavillon alors qu’au dehors, tout le monde l’ignore ?

Pour pénétrer dans l’intimité de Bénédicte, c’est dans les pages d’Eric Reinhardt qu’il faut entrer …

 

 

L'Amour et les Forêts, aux éditions Gallimard.

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 17:52

 

    Adjugé, vendu!

Plan séquence #3 The Best Offer de Giuseppe Tornatore

            Ce film c’est du travail d’artiste, au sens premier du terme. Un petit bijou de cinéma façonné par Giuseppe Tornatore. Un diamant brut dont chacune des facettes serait taillée minutieusement pour assurer à l’ensemble un équilibre parfait. Vous l’aurez compris, je ne manque pas de superlatifs pour parler de cette découverte, mais croyez-moi sur parole, ce film le vaut bien ! 

Laissez-moi vous en réveler davantage...

 

         L’intrigue de ce roman noir tourne autour de Virgil Oldman (interprété magistralement par Geoffrey Rush), un commissaire priseur charismatique à la renommée internationale. On arpente ce milieu privilégié qu’est celui des marchands d’art où il déambule avec un raffinement extrême. Si lors de cette première approche, l’homme nous apparaît froid et peu empathique, on comprend mieux sa personnalité en pénétrant dans ses appartements,  où sont conservés religieusement des dizaines de tableaux de maîtres, autant de portraits de femmes à l’inestimable beauté. Il vit là, au milieu de ces visages faits de peinture, hors du temps. Ces scènes d’intérieur sont l’occasion de s’attarder sur la beauté des images et de l’harmonie avec laquelle elles défilent sur l’orchestration magistrale et originale d’Ennio Morricone. Le charme italien des deux hommes au service du septième art ! On devine alors les aspérités du personnage : cette solitude qui le ronge, la vieillesse qui le rattrape et qu’il va compenser par cet amas d’œuvres d’art…  Et alors qu’il vient estimer les biens d’une succession, il va apprendre à connaître leur jeune héritière, aux multiples mystères. Il sera décontenancé par ses bizarreries, celles-là même qui font écho à ses propres turpitudes… Comment Virgil réussira t-il à appréhender la demoiselle sans sortir de sa zone de confort? Jusqu’où le vernis va-t-il se craqueler?  Le film se noue petit à petit autant que les personnages se lient, les esprits alambiqués se mêlent et le mécanisme du scénario nous fait glisser vers des questionnements et révélations inattendues !

 

Plan séquence #3 The Best Offer de Giuseppe Tornatore

           Je ne peux trop en dire sans risquer de dévoiler l’intrigue mais c’est selon moi encore une fois, un petit chef d’œuvre; aussi réussi sur la forme que dans son scénario.

           On s’attache passionnément à cet homme à mesure qu’il évolue dans cette histoire et enfin, on en ressort avec une envie irrépressible de parcourir les musées la nuit, seuls endroits où je le crois, il pourrait être possible de retrouver cette ambiance italienne, si envoûtante…

 

Disponible en DVD, Blu-Ray...

 

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